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07/01/2019

Sagesse et Humilité par feu le Professeur Jean Dieudonné

 

Sagesse

Il est probable que, devant notre évolution, nous avons conservé les mauvais gènes qui nous venaient des animaux, pour nombre d'entre eux, la férocité constitue leur seul moyen d'existence, la nature veut qu'un carnivore ait besoin de tuer des proies pour se nourrir, pour nous , ces gènes sont inutiles mais nous n'avons pas réussi à nous en débarrasser.

Depuis trois mille ans, bien des prophètes et des réformateurs,Bouddha, Socrate,Jésus-Christ et tant d'autres ont essayé de l'améliorer, de rendre les hommes moins féroces, moins mauvais, d'introduire du bon sens, un peu d'amour, de la tolérance, ils n'y ont guère réussi.Ils n'ont pourtant pas demandé aux humains de devenir des saints mais simplement de manifester un minimum de décence les uns envers les autres, c'était déjà beaucoup trop.

Humilité

En effet, le fait particulier aux mathématiques est que dans ces bouleversements périodiques,les théorèmes eux-mêmes se conservent intacts, au lieu de se dissoudre en raffinements plus subtils ou de se voir contredits par une expérimentation plus soigneuse, comme il advient "aux faits" les mieux établis de la physique ou de la biologie.

Cependant,mais du rang majestueux de "théorèmes fondamentaux" il leur arrive maintes fois  de se voir peu à peu dégradés à la position subalterne de simples "corollaires" de plus en plus méprisables pour finir souvent dans le grenier des <<exercices>> que l'on abandonne à l'apprenti mathématicien.C'est la conscience de ce processus historique permanent qui doit ramener les mathématiciens professionnels à une conception plus modeste de leur rôle et de leurs efforts en leur faisant prévoir que les découvertes qui leur ont coûté le plus de peine et dont ils auraient tendance à s'enorgueillir,risquent fort de devenir de simples jouets pour le écoliers de générations futures.

Mieux dit, c'est un des effets du progrès en Mathématiques que les résultats auxquels leurs inventeurs n'arrivent qu'après des considérations fort difficiles et des cheminements très tortueux et parfois obscurs, se démontent en quelques lignes et presque sans effort 50 ou 100 plus tard. Un exemple universellement connu est l'invention du calcul infinitésimal, qui a d'un seul coup ramené à des calculs presque automatiques la solution de problèmes qui avaient exercé la sagacité d'un Eudoxe ou d'un Archimède.

J'ai eu Grothendieck comme élève,aux débuts de ses études,mais il était beaucoup plus fort que moi au bout de quelque temps, c'est plutôt moi qui étais son élève.

Et feu le Professeur Jean Dieudonné d'ajouter:En tout cas, les mathématiciens doivent se persuader que leur talent ne leur confère aucune compétence particulière en dehors de leur domaine. Certains, qui ont cru que leur prestige auprès de leurs collègues leur permettrait de réformer la société, l'ont appris à leurs dépends.

De surcroît, si parfois ils (mathématiciens) ont tendance à s'enorgueillir de posséder un talent assez peu répandu, ils doivent se souvenir que bien d'autres techniques ne sont accessibles qu'à un petit nombre; il y a sans doute bien moins de funambules pouvant danser sur la corde raide ou de joueurs d'échecs en aveugle.

A bon entendeur,salut.Dixit

Professeur David A.Johnson

david.johnson@mailhec.com

 

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