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09/03/2022

PERTINENCES ET ILLUSTRATIONS APODICTIQUES CHEIKH ANTA DIOPIENNES.

Camarade de Paris, de Province, et d’Afrique abandonne tes raisonnements fallacieux qui ne sont qu’une capitulation inconsciente devant les difficultés. (In ALERTE SOUS LES TROPIQUES 1990, page 65).

[….] Le  jour où l’Afrique deviendra elle-même, c'est-à-dire quand elle cessera d’être engendrée par toutes ces croyances sordides qu’on lui a infusées méthodiquement. (In ALERTE SOUS LES TROPIQUES 1990, page 43).

A  propos de la stratégie et de la tactique

Ainsi les puissances colonisatrices sentant que leur déclin sonnera bientôt se réorganisent sur le champ de bataille, inventent une nouvelle stratégie et une nouvelle tactique.

On est en face d’une véritable Sainte Alliance Européenne impérialiste agonisante. Cette Sainte Alliance s’imposera de plus en plus comme une nécessité aux puissances colonisatrices avec l’éveil de la conscience nationale. Nous  sommes donc forcés de réviser notre stratégie et notre tactique et de les adapter à cette nouvelle situation si nous voulons accroitre nos chances de succès. A la coalition il nous faut opposer la coalition. Il est plus que jamais nécessaire de dresser contre la coalition de la veille Europe celle des jeunes peuples de toute l’Afrique victimes de la colonisation. (In ALERTE SOUS LES TROPIQUES 1990, page 69 )

 

De la fraternisation des peuples.

[….] On a beau parler de fraternisation des peuples, d’unification planétaire, on peut prévoir qu’il s’écoulera un certain laps de temps avant que cette dernière se réalisé parce  que beaucoup de forces obscures existent dans  la société. (In ALERTE SOUS LES TROPIQUES 1990, page  113)

Et pourtant

[….]  Les connaissances scientifiques actuelles appliquées à la réalisation d’un bien-être général de l’humanité permettraient d’ores et déjà de créer un Paradis Terrestre. Mais l’homme capitaliste est plus cupide que jamais ; les vielles habitudes coloniales s’opposent à la réalisation de ce dessein. C’est la preuve d’un optimisme béat que de penser qu’il n’en sera pas encore  longtemps ainsi. (In ALERTE SOUS LES TROPIQUES 1990, page  101)

[…..]  , que le jour où l’Afrique redeviendra elle-même, c'est-à-dire quand  elle cessera d’être engrenée par  toutes sortes de croyances sordides qu’on lui a infusées méthodiquement. . (In ALERTE SOUS LES TROPIQUES 1990, page 43)

A la botte de l’impérialisme, esclavagisme déguisée et servitude volontaire.

[….] Il  faut créer une véritable bourgeoisie indigène industrielle, financière bancaire etc dont les intérêts de classe soient désormais du côté de la grande finance internationale. On a que trop tardé à la faire. C’est une faute que les bourgeoisies européennes s’offrent de réparer dans des  délais historiques. Mais , c’est avec la découverte des pétroles du Sahara que l’optique de la politique coloniale fut complètement bouleversée. (In LES FONDEMENTS ÉCONOMIQUES ET CULTURELS D’UN ÉTAT FÉDÉRAL D’AFRIQUE NOIRE, 2020 page 40).

[….]   Que signifie « conserver un pays indépendant » ?

Si nous acceptons de nous engager dans ce processus capitaliste d’embourgeoisement dont l’issue est fatale à a santé politique de notre pays, de constituer cette classe auxiliaire de la finance internationale tout va bien. Si nous disons mieux encore « nous sommes vos fils spirituels et intellectuels, votre émanation noire, faites de nous à temps les dépositaires de vos intérêts financiers et moraux et la situation sera sauvée ! On ne vous verra plus, bien que vous soyez là, nous servirons d’écran : ce ne sera plus vous, mais nous, Africains contre d’autres Africains qui défendront vos idéaux » si nous disons tout cela, c’est excellent. (In LES FONDEMENTS ÉCONOMIQUES ET CULTURELS D’UN ETAT FEDERAL D’AFRIQUE NOIRE, 2020 pages 41-42).

[…..]  Ils pensent que le meilleur moyen d’aboutir à ce résultat est de transformer l’intelligentsia africaine qui aurait pu jouer un rôle révolutionnaire, en une bourgeoisie dont les intérêts de classe coïncideront désormais avec ceux de l’occupant. . (In ALERTE SOUS LES TROPIQUES 1990, page 99)

Réponse à l’achat des consciences ou des manipulations des esprits.

Seules des perspectives grandioses de construction d’un Etat africain continental moderne et fort, permettent de créer l’enthousiasme, l’esprit d’abnégation, un véritable sentiment patriotique. On cessera alors, et alors seulement de poser le problème de l’indépendance nationale en termes de salaire, comme ceux qui commencent déjà à dire : «  Il eût mieux valu laisser les choses telles qu’elles étaient ». Tout ce qui précède traduit l’absence de partis révolutionnaires au pouvoir, partout dans la « Communauté »

Dans le même ordre d’idées, pour résorber l’anti-intellectualisme larvé que l’on constate partout en Afrique Noire a niveau des responsables  politiques comme des réflexes d’auto-défense , il faut que les intellectuels soient capables de dégager des perspectives pour l’Afrique , des solutions pour es problèmes qui se posent à l’échelle nationale, d’une façon qui ne laisse aucune voie possible. Il faut qu’ils sachent ainsi s’imposer à la  fois par leur efficacité, leur goût du travail désintéressé pour le peuple et leur simplicité.

Il faut qu’ils soient sincères avec eux-mêmes et, pour ce qu’ils sentent vraiment qu’ils sont animés d’un idéal à toute épreuve. Il faut qu’ils se distinguent des esprits qui ne cherchent qu’à briller d’une lumière trompeuse, aussi artificielle que stérile, autrement dit des pseudo-intelligences à facettes, faciles à réduire à l’inconséquence.

Un anti-intellectualisme d’auto-défense consacrerait une nouvelle perte de l’Afrique s’il pouvait se généraliser. Nous  ne pouvons pas nous payer le luxe de rejeter ce qui nous a manqué le plus pendant ces trois derniers siècles. (In LES FONDEMENTS ÉCONOMIQUES ET CULTURELS D’UN ÉTAT FÉDÉRAL D’AFRIQUE NOIRE, 2020 pages 43-44).

Dénoncer constamment la politique de compromission des parlementaires africains et en particulier celle des parlementaires RDA. (In ALERTE SOUS LES TROPIQUES 1990, page 73)

L’Égypte et la frontière du Sahara.

Un petit pays de 20 millions d’habitants, vivant du tourisme  et du coton, gouverné par des féodaux comme tout le monde arabe : aucun développement technique =, aucun développement social, quelques écoles de scolastique. L’Afrique noire aurait tout à perdre  et rien à gagner dans une telle association. Le lien religieux est un prétexte qu’il faut soigneusement écarter pour éviter toute mystification : s’il était une condition nécessaire et suffisante pour former un seul gouvernement, l’Arabie Saoudite, l’Irak, l’Iran, l’Égypte , la Turquie etc. ne formeraient aujourd’hui qu’un seul Etat  au lieu de se retrouver  au sein d’une Ligue symbolique. L’Europe aussi ne formerait qu’un seul Etat chrétien. Les Africains seraient obligés de se répartir demain en Africains musulmans, Africains chrétiens, Africains pratiquant des religions paléo-nigritiques.

 

Il importe donc que les Africains se rendent bien compte qu’une attitude unilatérale ne paie pas : nous serions coupables de favoriser ces ambitions féodales à nos dépens, sous prétexte qu’il ne faut pas aux colonialistes l’occasion de nous diviser. Il est évident que les colonialistes ne parviendront jamais à diviser les éléments progressistes : on gagne toujours à préciser les problèmes.

[….]  Par contre, nous pouvons dire à l’Égypte : ou elle tient au monde arabe par des liens qui sont surtout raciaux, ou elle se rattache au monde africain par des liens économiques. Dans le premier cas, sa politique ne nous intéresse pas, car nous ne sommes pas des racistes ; dans le second cas, elle doit se détacher de la Ligue Arabe pour ne plus lier son destin qu’à l’ensemble du peuple africain. L’Egypte sera alors  le    Etat fédéré  à un gouvernement central démocratique africain, ce  qui est différent d’une fédération d’Etats noirs sous la couronne d’Egypte ; cela suppose même le contraire, une révolution sociale préalable en Egypte qui démocratiserait ainsi le régime en éliminant le aspect monarchistes et féodaux, pour le rendre  apte à une fédération. On en dirait autant de l’Ethiopie pour ce qui est de la démocratisation. (In ALERTE SOUS LES TROPIQUES 1990, page 60-61).

Monde arabe  et Afrique Noire.

Depuis le VII° siècle, le centre de gravité du Monde Arabe s’est déplacé lentement de l’Asie en Afrique. Bien qu’il n’existe aucune unité naturelle en dehors de la culture, entre l’Afrique du Nord, la Libye et l’Égypte d’une part  et les Etats arabes du Proche –Orient de l’autre, il s’en est pas moins créé une Ligue Arabe englobant tous ces pays. Aussi  longtemps que les Arabes qui vivent en Afrique se sentiront plus attachés à leurs frères de race du Proche-Orient qu’au reste de l’Afrique noire, nous aurons le devoir et le droit de nous défendre devant attitude raciste . Si une Fédération d’États arabes s’étendait comme une traînée de poudre, sur toute l’Afrique du Nord en englobant la Libye, pour se rattacher au reste du   Monde  Arabe du Proche-Orient, l’Afrique noire  serait rejetée au pôle Sud comme au fond d’un gouffre. Si au contraire, les Arabes qui vivent en Afrique ne sont pas racistes et  s’ils n’ont aucune arrière-pensée impérialiste, rien ne s’oppose à leur Fédération avec le reste de l’Afrique noire au sein d’Etat multinational. En tout cas on souhaite qu’il en soit ainsi. Tant qu’ils refuseront de considérer l’évolution politique de l’Afrique  sous cet angle, nous serions coupables de ne pas prendre des dispositions élémentaires touchant à la limitation de nos deux mondes. (In ALERTE SOUS LES TROPIQUES 1990, page 95)

Sahara

[….] Le Sahara, avec tous les problèmes complexes que son partage pourra posera dans l’avenir, devra constituer pour nous une sorte de frontière naturelle : mais frontière bien spéciale que ce désert d’une importance stratégique et économique indéniable. Aussi sera-t-il toujours indispensable que l’Afrique noire en possède une part telle que les frontières d’autrui ne soient jamais à quelques heures de marche de ses centres vitaux. (In ALERTE SOUS LES TROPIQUES 1990, page 60)

[…..]  Ceci à faire deux  remarques au sujet du Sahara et de la Libye.

Le Sahara a une superficie de 4600 000 Km2, presqu’aussi étendu que l’Europe. Loin d’être inhabité, il est peuplé de 14000 000 d’habitants, c'est-à-dire presqu’aussi peuplé que l’Afrique centrale avec une densité de 3 au km2  . Cette population est essentiellement nègre et négroïde, c’est le devoir des Africains de l’apprendre.

L’importance économique du Sahara, pour ne citer que l’uranium, le pétrole et sa capacité de recevoir un équipement  solaire, est inappréciable. Les moyens scientifiques modernes permettraient de le fertiliser.  Il semble même que tout le Sahara  repose sur une mer d’eau douce. A l’heure actuelle  les grandes puissances se disputent le désert du pôle Sud  couvert de plusieurs kilomètres de glace, c’est le devoir des intellectuels africains d’apprécier ces données à leur juste valeur et d’accorder au Sahara toute son importance. En jetant un coup d’œil sur la carte d’Afrique, il est aisé de constater que l’Afrique du Nord s’arrête au 30e  parallèle. Il serait dangereux que la frontière d’autrui  se trouve à quelques heures de marche de nos centres vitaux.

Lorsque l’Égypte a révoqué les accords anglo-égyptiens de 1936 sur le canal de Suez, CHURCHILL , en quête d’un nouveau point d’appui en Méditerranée méridionale , créa un l’État Libye  et sa tradition en faisant forger le trône doré  du ‘’roi’’ en Angleterre , alors que cette région avait ‘’moins qu’un’’ dactylographe comme intellectuel et comme  toute ressource économique 3000 000 de dattiers. En dehors de   Benghazi et de Tripoli, il n’existe pas de villes en Libye , qui n’est qu’un lieu de passage désertique. Il n’existe pas une conscience nationale libyenne. Dans l’antiquité, les habitants de la Basse -Egypte portaient le nom de Lébou  et ceux de la Haute Egypte qui ha bitaient sur les hauteurs  bordant la vallée du Nil étaient appelés Kaou-Kaou  dans la langue pharaonique. Libye est une déformation grecque de Lebou. Lorsque ces populations ont émigré et qu’une fraction est venue s’installer au Sénégal, elles ont gardé leurs habitudes ancestrales : les Lebou  sont toujours le long de la côte , de Dakar à St-Louis, avec  le même nom et les Kaou-Kaou habitués à vivre à l’intérieur des terres sont allés s’installer dans les plaines intérieurs du Cayor et du Baol. On continue à les appeler Kaou-Kaou sans que la région soit montagneuse et il est à remarquer que, en valaf- comme en égyptien- Kaou-Kaou signifie habitants des régions élevées, dans les deux langues Kaou signifie haut. Il est évident que cette terminologie est un souvenir du berceau primitif de ces peuples. Pendant toute l’époque pré-colonialiste la Libye est restée le prolongement naturel du Bornou (cf, carte dressée par FREMIN, vers 1820). Si le territoire de  la Libye revient à l’Afrique noire, le contraire serait impensable ; cela permettra de scinder le monde arabe en deux, d’avoir un débouché  sur la Méditerranée et d’éviter l’étouffement. (In ALERTE SOUS LES TROPIQUES 1990, page 96-97)

A propos de Tombouctou et Gao (Rappel Historique)

[ …..]  D »après Sâdi, le  sultan du Maroc, après avoir pris secrètement tous les renseignements utiles sur les forces de Gao de l’époque, lança délibérément ses troupes sur le pays. Le premier commandant de celles-ci, Djouder , fut vite remplacé par le pacha Mahmoud ben Zergoun, parce qu’il n’était pas assez sévère. Ce dernier se livra immédiatement dans Tombouctou à une série  de razzias, de massacres et d’exactions de toutes sortes dont le caractère cruel dépasse parfois l’imagination, surtout lorsqu’on pense que les victimes étaient non seulement des frères de religion, mais essentiellement des savants et des jurisconsultes. Toute l’intelligentzia soudanaise de l’époque fut attirée dans un guet-apens dans la mosquée de Sankoré  et fut capturée ; on ferma les portes,  puis on fit sortir tous les assistants «  à l’exception des jurisconsultes, de leurs amis et de leurs suivants ». Il furent ainsi arrêtés le 20  Octobre  1593 par Zergoun , sans avoir comploté, sans aucun prétexte. On les divisa en deux colonnes pour les amener à leur nouvelle résidence forcée. L’une de celle-ci fut massacrée entièrement en cours de route à la suite d’un incident. Sâdi  donne la liste  nombreuse  des victimes, tous les savants et lettrés, qui furent enterrées  dans une fosse commune :

« Parmi les victimes de ce massacre on comptait neuf personnes appartenant  aux grandes familles Sankoré ; le très docte jurisconsulte  Ahmed-Moyâ, le jurisconsulte Mohammed-El-Amin etc. »

L’ordre fut donné à Amrâdocho, chez qui le massacre eut lieu d’enterrer tous les cadavres dans sa propre maison. Les habitations de ces notables furent complètement vidées de leurs biens.

« Les gens du pacha pillèrent tout ce qu’ils purent trouver, faisant mettre à nu hommes et  femmes pour les fouiller. Ils abusèrent ensuite des femmes et les emmenèrent ainsi que les hommes dans la casbah où ils les tinrent prisonniers durant six mois. ».

Au bout de cette période les prisonniers furent déportés à Marrakech : le célèbre Ahmed Baba, savant lettré originaire de Tombouctou, était parmi eux :

« Ils partirent donc en formant une troupe nombreuse où figurent pères, enfants, petits-fils, hommes et femmes entassés pêle-mêle. La caravane se mit en route le samedi [ …..] 18 mars 1594.

Zergoun sera disgrâcié  parce qu’il n’a donné que 100 000 mitskals au sultan, de tout le butin extorqué aux Soudanais. Cependant, la résistance nationale s’organise autour de l’Askia Nouh, qui n’a pas accepté la domination marocaine. Tous les habitants de la région Gao descendent avec lui vers  le sud, au pays de Dendi. Pendant deux ans, il harcèle les troupes marocaines, leur infligeant parfois des défaites sanglantes, malgré les inégalités  des armes. Au cours   d’une rencontre, le pacha Zergoun sera tué, sa tête coupée et envoyée à l’Askia Nouh. Les Marocains tentèrent d’imposer comme Askia un personnage  qui leur était favorable (Selman), mais il n’eut jamais l’agrément de la population. Le Châa-Maka s’initia alors à la tactique militaire des arabes, qui était calquée sur celle des Turcs. Il rejoignit ensuite le mouvement de la résistance, harcela  les troupes marocaines et leur  causa beaucoup de  pertes.

Il est impossible de décrire toutes les péripéties de cette guerre atroce que le Maroc livra à l’Afrique noire. Il faut se reporter à la citation de la page 135  pour saisir le degré de désolation, de misère, de ruine dans lequel était tombé le pays ; on alla jusqu’à manger de la chair humaine, comme pendant la guerre de Cent ans en Europe. La peste ravagea le pays, par suite de l’effondrement de l’hygiène. Kâti et Sâdi sont d’accord  pour situer la corruption des mœurs et surtout l’introduction en Afrique noire de la sodomie.

«  On ne saurait mentionner complètement tous les malheurs et les pertes qu’eut à subir Tombouctou du fait de l’installation des Marocains dans ses murs ; on ne saurait épuiser le récit des violences et des excès qu’ils commirent. C’est ainsi qu’ils arrachèrent  les portes des maisons et abattirent les arbres de la ville pour en faire une embarcation […] . »

L’autorité marocaine s’étiola rapidement ; les pachas, qui étaient de moins en moins obéis, même à Tombouctou, prirent leurs distances par rapport au sultan, pour devenir de pseudo-chefs locaux. L’armée marocaine, dont plusieurs ressortissants étaient des espagnols, a laissé au Soudan ce qu’on a appelé des armas : ce sont les métis de Tombouctou issus de cette occupation, les derniers pachas étaient choisis parmi eux.

C’est par souci de vérité historique que nous rappelons aujourd’hui ces faits pénibles. (In L’AFRIQUE NOIRE PRE-COLONIALE 2008 page 183-185).

(Relativement page 135 sus-mentionnée)

[….]  L’auteur du Tarikh es-Soudan insiste  sur le caractère exceptionnel de la misère en Afrique noire en décrivant celle provoquée par l’occupation marocaine de Tombouctou :

« La cherté des vivres fut excessive à Tombouctou : un grand nombre de personnes succombèrent à la famine et à la disette fut telle qu’on mangea des cadavres de bêtes de somme et d’êtres humains. Le change tomba 500 cauries. Puis la peste vint à son tour décimer la population et fit périr bien des gens que la famine avait épargnés. Cette cherté de vivres qui dura deux ans, ruina les habitants qui en furent réduits à vendre leur mobilier et leurs ustensiles. Tous les vieillards sont unanimes à dire qu’ils n’avaient jamais vu une telle calamité et qu’aucun des vieillards  qui les avaient précédés  ne leur  avait rie raconté de semblable. » (In L’AFRIQUE NOIRE PRE-COLONIALE 2008 page 135).

 

De la foi

Nous sommes persuadés comme tout le monde que l’on ne crée pas sans la foi en quelque chose. C’est ainsi que la mythologie gréco-latine a donné naissance, provisoirement, à une civilisation féconde. C’est que la foi chrétienne, islamique, bouddhique a été à l’origine de créations artistiques. Mais rien ne garantit la durée  de telles croyances devant l’éternité de l’univers ; elles semblent liées à des nécessités géographiques et historiques. Tandis que la croyance laïque en la  nature n’a rien de scientifiquement absurde, de caduc, de limité, c’est pour cela que nous espérons qu’elle est appelée à remplacer dans l’avenir tous ces faux contacts avec la nature. C’est ainsi que nous demeurons convaincus que le bienfait incontestable de la colonisation est le rationalisme laïque qui nous permet d’envisager les choses en dehors des catégories religieuses, quelles qu’elles soient  et de nous libérer aussi intellectuellement. (In ALERTE SOUS LES TROPIQUES 1990, page 43-44)

[…..]  Tant que certains problèmes métaphysiques ne seront pas tranchés – touchant à l’origine de la matière  et ce n’est pas pour demain, même dses savants, en grand nombre, continueront à conserver une foi religieuse ; le marxiste s’il veut être réaliste et efficace, devra longtemps encore compter avec la religion, nous n’assistons pas à la phase de paupérisation de celle-ci.   (In ALERTE SOUS LES TROPIQUES 1990, page121).

De la religion

Le lien religieux est un prétexte qu’il faut soigneusement écarter pour éviter toute mystification : s’il était une condition nécessaire et suffisante pour former un seul gouvernement, l’Arabie Saoudite, l’Irak, l’Iran, l’Egypte , la Turquie etc. ne formeraient aujourd’hui qu’un seul Etat  au lieu de se retrouver  au sein d’une Ligue symbolique. L’Europe aussi ne formerait qu’un seul Etat chrétien. Les Africains seraient obligés de se répartir demain en Africains musulmans, Africains chrétiens, Africains pratiquant des religions paléo-nigritiques. (In ALERTE SOUS LES TROPIQUES 1990, page 60)

[……]   Il n’est pas étonnant de constater que toutes les forces extérieures d’origines diverses qui ont cherché, jusqu’ici, à digérer l’Afrique noire  sur le plan temporel, c'est-à-dire, politique et matériel, et qui trouvent maintenant la tentative démesurée se retranchant sur le terrain religieux. Certains Pères de l’Eglise  pensent, de bonne foi, que  l’Afrique noire a le droit et le devoir même d’aspirer à une indépendance nationale authentique, mais à condition de devenir chrétienne. Ils ne se rendent pas compte que c’est tenter la colonisation des âmes après avoir échoué dans la colonisation matérielle et politique. Si les tenants de chaque religion raisonnent, dans leur for intérieur, de cette manière, on aboutira à une situation très peu brillante, confinant même à la guerre des religions. On saisit la gravité de la situation en méditant les quelques chiffres qui suivent. D’après les dernières communications faites à l’Académie des sciences, la majorité des Africains, 85  millions pratiquent le culte ancestral : nous dirons un monothéisme à demi oublié, 28 millions sont musulmans, 15 millions sont catholiques et 4 millions sont protestants. Chrétiens et musulmans ont une liturgie, sont organisés et peuvent faire de la propagande pour convertir les 85 millions d’Africains qu’ils appellent païens ! Ainsi donc, l’occidentalisation ou l’orientalisation  définitive de l’Afrique est liée au succès des uns ou des autres. Il est raisonnable de penser qu’ un gouvernement fédéral africain donnera des armes égales aux tenants de la religion ancestrale , en provoquant un conseil œcuménique et ses prêtres , pour permettre la création d’une hiérarchie, d’une liturgie mieux adaptée, la formation et l’éducation d’une caste de prêtres à l’échelle de base  Monothéisme ancestral. Ce faisant, le gouvernement fédéral futur protègera le continent de toute nouvelle pénétration insidieuse de l’étranger, mettra les Africains à l’ abri de toute aliénation culturelle.

Il serait irréaliste de penser qu’on pourrait passer, sans transition de l’état actuel des choses à une conscience marxiste dans ce domaine de la religion.

Il est important de constater que partout en Asie les religions nationales ont résisté : Bouddhisme, Brahmanisme, Confucianisme etc.

Le succès d’HENRI VIII en Angleterre fut encore plus inattendu ! On peut se rappeler que l’enseignement du Christ, le christianisme primitif, très simple  et que SAINT PAUL, SAINT AUGUSTIN et les autres Pères  qui ont créé l’Eglise sous sa forme actuelle.

En procédant ainsi on réalisera une co-existence pacifique dans le domaine délicat de la religion. (In ALERTE SOUS LES TROPIQUES 1990, page  121-122) 

De la colonisation

De toutes les puissances européennes qui dominent l’Afrique, la France est l’une des plus colonialistes – sinon la plus colonialiste. Les méthodes qu’elle applique (politique d’assimilation, etc)  sont telles que malgré l’exploitation la plus féroce, on n’a pas vu surgir jusqu’ici dans ses colonies d’Afrique noire (les territoires sous mandat mis à part une franche aspiration à l’indépendance nationale. Le colonialisme français a réussi un tour de force exceptionnel en créant des consciences politiques, de tout  âge, veilles, d’âge mûr, jeunes, attelés à la défense de l’Union française.

[….]  Tel apparaît, dan toute son ampleur, le danger du colonialisme français. On peut le comparer à un poison qui pénètre jusqu’au centre de notre volonté  et détruit nos capacités de réaction, aveugle notre esprit laisse sur nos lèvres des vocables comme l’Union française que nous balbutions come des automates irresponsables.

[ ….]  Dénoncer le colonialisme est un facteur d’éducation politique qui sera toujours nécessaire, mais envisager concrètement le moyen le plus sûr et le plus rapide de couper la racine du mal, de briser le colonialisme doit paraître encore plus nécessaire aux esprits soucieux d’efficacité. Force est doc d’envisager des formes actives de lutte pour nous débarrasser du colonialisme français et des autres. Mais le colonialisme est comparable à une herbe vivace qui, à mesure que le sol se dessèche, posse des racines de plus en plus profondes pour garder contact avec les couches nourricières. (In ALERTE SOUS LES TROPIQUES 1990, page 67-68)

[….]  C’est alors que s’impose l’indépendance nationale, à tous les esprits : le colonialisme  français, c’est le poison son antidote, c'est-à-dire le seul remède efficace, c’est l’indépendance nationale. C’est en ce sens que poser le problème de l’indépendance nationale implique le balayage définitif du colonialisme français  et de tous ceux dont souffre l’Afrique.

Par conséquent

[……]  se borner à la dénonciation du colonialisme français sans exprimer clairement au peuple pourquoi nous devons le remplacer c’est en réalité, s’arrêter à mi-chemin de la dénonciation. Cela ne peut correspondre qu’à une cécité politique ou à la dissimulation de buts dont la poursuite ne tardera pas apparaître  comme une trahison des intérêts africains.

Il importe de mettre en exergue à ce stade qu’il ne serait pas superfétatoire de paraphraser…..

D’où il découle que l’indépendance accordée aux pays africains selon la stratégie  « J’ai desserré les liens avant qu’ils se rompent » que le General de Gaulle  aurait dit, ne serait de la colonisation par d’autres moyens.

Perspective industrielle

C’est peut-être la plus importante, celle qu’il faudra réaliser d’abord pour mieux réaliser les autres. C’est par l’industrialisation à outrance que nous obtiendrons la force matérielle nécessaire pour garantir nos frontières politiques en attendant que l’unification planétaire dont on parle tant puisse se réaliser.

Dans ce domaine, la Nature n’a pas oublié l’Afrique noire. Notre continent et, pour ainsi dire, le centre énergétique et de matières premières du monde. Devant les réserves d’énergie hydraulique, d’uranium, de thorium, d’énergie solaire, éolienne, marée motrice etc., minerais, l’Europe est comparable à une caisse vide par rapport  à l’Afrique. Cette idée est tellement évidente qu’au lieu de continuer à élargir on infrastructure industrielle, l’Europe trouve avantageux de construire désormais des usines en Afrique même, à proximité des sources d’énergie  et des matières premières. Elle est allée même jusqu’à envisager  la construction de barrages équatoriaux et l’exportation de l’énergie électrique vers l’Europe par câbles, ce qui la dispenserait de poisser l’industrialisation du continent africain à outrance.

Tout ceci permet de voir nettement la vocation industrielle de l’Afrique et la nécessité pour ses fils de  se rendre aux tâches qui les attendent. . (In ALERTE SOUS LES TROPIQUES 1990, page  113).

David A. Johnson

HEC. PARIS  ( E.81).

Ancien Directeur ESC Clermont.

Professeur des Universités.

david.johnson@mailhec.com

 

 

 

 

Commentaires

Cheikh Anta avec sa prophetie nous a débarrasser de l'obscurentisme et de la cécité intellectuelle.

Écrit par : Me Mor gueye | 09/03/2022

Cheikh Anta avec sa prophetie nous a débarrasser de l'obscurentisme et de la cécité intellectuelle.

Écrit par : Me Mor gueye | 09/03/2022

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