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27/02/2023

De la nécessité du stratégique par sa  suprématie.

 

 

L’humanité ne doit pas se faire par l’effacement des uns au profit des autres. (Feu le Pr Cheikh Anta Diop). C’est  bien de cela dont il s’agit.

 

« Maintenant que les jaunes, en particulier les japonais font leurs preuves dans l’ordre scientifique, malgré la prétendue infériorité de leurs mensurations crâniennes, le racisme dans cette direction tend à devenir insipide. C’est pour cela qu’il prend de plus en plus un caractère bipolaire. Au dernier conseil de cabinet de Juillet 1979, le gouvernement  français comme objectif de rattraper le Japon. »  Cheikh Anta Diop   (In Civilisation ou  Barbarie 1981)

 

Effectivement, il n’est pas sans intérêt de rappeler une des  prouesses du leuco-centrisme qui, sans ambages, avec emphase, orgueil, étroitesse d’esprit doctrinal, dédain, et une anaphylaxie  mongo(l)-dermique, a fortiori négro-dermique ; par la voix d’un de ses doctes le sieur Ernest Renan écrivait  « La nature a fait une race d’ouvriers. C’est la race chinoise, d’une dextérité de main merveilleuse, sans presque aucun sentiment d’honneur, gouvernez-la avec justice en prélevant d’elle pour le bienfait d’un tel gouvernement un ample douaire au profit de la race conquérant, elle sera satisfaite ; une race de travailleurs de la terre c’est le nègre, soyez pour lui bon et humain, et tout sera dans l’ordre, une  race de maîtres et de soldats, c’est  la race européenne. Que chacun fasse ce pour quoi il est fait  et tout ira bien ». In Réforme  intellectuelle et morale 1871.

 

Lorsque  Ernest Renan se retourne dans sa tombe !!!!

Le général Giap et les guerres du Vietnam

En effet, dès lors qu’il s’agissait de la logistique et de la tactique, nous réussissons tout ce que nous avons fixé de faire. Au plus fort de la guerre, l’armée était capable de déplacer des millions de soldats dans l’année à l’intérieur et à l’extérieur du Vietnam, de les nourrir, les habiller, les fournir en armes et munitions, généralement les soutenir mieux qu’une quelconque armée  n’aurait jamais pu être soutenue sur un terrain d’opération. Sur le champ de bataille lu-même, l’armée était imbattable. Engagement après engagement, les forces du Viêt-Cong et de l’armée du nord Vietnam étaient repoussées avec de lourdes et terribles pertes. Néanmoins, à la fin c’était le nord Vietnam et non pas les Etats-Unis qui sortit victorieux. Comment pourrions-nous avoir si bien réussi et pourtant si lamentablement échoué ? Ainsi, s’interrogeait Col Harry G Summers Jr In On strategy (Novate CA  Presido Press 1982).

En dépit, d’avoir la plus grande armée de l’Asie du sud-est, le Vietnam du nord ne rivalisait pas avec le Vietnam du sud, aussi longtemps, que celui-ci était soutenu par la  plus puissante nation militarisée et industrielle de par le monde.

Le Vietnam du sud et son allié les Etats-Unis furent battus non par des ressources supérieures mais par une stratégie manifestement supérieure.

Le Vietnam du nord accomplissait ce que Sun Tzu proclamait être la forme la plus élevée d’une victoire, faire abandonner l’ennemi.

L’acteur principal de la formulation de la stratégie militaire du Vietnam du nord était le général Vo Nguyen Giap. En 1944, Giap devint le dirigeant des forces de la guérilla Vietminh. Il était le commandant en chef de l’armée du Vietnam du nord jusqu’en 1974 et Ministre de la défense jusqu’en 1980. La stratégie de Giap était fondée sur la théorie de la guerre révolutionnaire en trois phases du chinois Mao Tse Tung « votre attention sieur Ernest Renan » : d’abord une résistance passive au cours de laquelle le soutien politique est mobilisé, ensuite une guérilla destinée à affaiblir l’ennemi et bâtir  une force militaire, et finalement la contre-offensive générale.

En 1954, la victoire brillante de Giap sur les français à Dien Bien Phu mettait en exergue la pertinence de ladite stratégie contre le Vietnam du sud et son allié US,  l’approche était analogue.

Et le Général Giap de poursuivre : notre stratégie était de mener une bataille qui allait durer longtemps. Seule une guerre à long terme pouvait nous amener à utiliser nos cartes maitresses politiques afin  de surmonter notre matériel et pour transformer notre faiblesse en force.

Consolider et accroître nos forces était le principe auquel nous adhérions, nous nous  contentions d’attaquer lorsque le succès était certain, en refusant de livrer une bataille susceptible de nous faire encourir des pertes.

Il est important de faire observer que la stratégie était construite sur la ressource pour laquelle les communistes avaient une supériorité écrasante, leur volonté de se battre, comme le premier Ministre Pham Van Don l’expliquait « les Etats-Unis sont la nation la plus puissante sur terre, mais les Américains n’aiment pas les guerres d’usure et sans vainqueur, ni vaincu. …. Nous pouvons leur survivre et nous pouvons gagner à la fin ».

Un engagement militaire limité et des comédies de pourparlers à Paris aidèrent le Vietnam du nord à prolonger le conflit ; alors que les efforts diplomatiques pour isoler les Etats-Unis d’autres alliés occidentaux et pour soutenir le mouvement américain pour la paix accélérèrent l’effondrement de  la volonté de gagner.

L’efficacité de la réponse américaine était restreinte par deux incertitudes majeures : quels étaient les objectifs et qui était l’ennemi ?

Etait-ce le rôle des Etats-Unis de soutenir le régime du Vietnam du sud, de combattre le terrorisme Viêt-Cong, infliger une défaite militaire au Vietnam du Nord ou combattre le communisme mondial ?

Le déficit d’unanimité sur les objectifs se traduisait en confusion  quant à l’identification de l’ennemi, et si la guerre d’envergure militaire ou politique.

Un conflit d’avis et un changement de l’opinion politique et publique ont été fatals aux Etats-Unis quant à la conception d’une stratégie cohérente à long terme.

La cohérence et la suprématie de la stratégie du Vietnam du nord lui permettaient de survivre aux erreurs d’implémentation. Giap fit à la hâte le lancement de son offensive générale. A la fois l’offensive de Têt en 1968 et l’offensive de Pâques 1972 furent repoussées et  suivies  de pertes lourdes. En 1974, Giap reconnut que le scandale de Watergate avait si affaibli la présidence des Etats-Unis, et de guerre lasse, une réponse américaine efficace à une nouvelle offensive  communiste était peu probable.

Le 29 Avril 1975, l’Opération Frequent Wind commençait par évacuer du Vietnam-sud tous les américains qui restaient, et le lendemain matin, les troupes du Vietnam-nord entraient dans le palais présidentiel à Saigon.   Ouf « c’en était fini !!! »

Avant d’en finir avec cette rétrospective stratégique fondée sur les travaux de notre collègue le Pr Robert Grant (In Contemporary Strategy Analysis 6° Edition), il nous sied de rappeler ci-après  son modus operandi inhérent  à la réussite d’une stratégie.

 

  1° Objectifs simples, cohérents et à long terme.

Les efforts des Vietnamiens du nord étaient de s’unifier et se focaliser sur l’objectif ultime la réunification du Vietnam sous le pouvoir communiste  et l’expulsion de l’armée étrangère du sol vietnamien.

Au contraire, les efforts américains sur le territoire vietnamien étaient embrouillés par des objectifs  confus. Les Etats-Unis supportaient-ils un allié en stabilisant l’Asie du sud-est, en s’engageant dans une guerre par procuration contre l’Union Soviétique ou poursuivaient-ils une guerre idéologique contre le monde communiste ?

 

2° Compréhension  profonde de l’environnement concurrentiel.

Giap avait compris son ennemi et les conditions dans lesquelles il les engagerait sur le  champ de  la bataille. Et mieux, il a su apprécier la situation difficilement politique dans laquelle les présidents se trouvaient lorsqu’ils devaient  faire appel au soutien populaire  avant de mener une action à l’étranger.

 

3° Evaluation objective des ressources

La stratégie de Giap était prudemment élaborée pour se protéger  par rapport à son déficit de ressources c'est-à-dire en armes et en équipement, tout en exploitant totalement l’engagement et la loyauté de ses troupes.

 

 4° Implémentation efficace.

Sans une implémentation effective, les stratégies les mieux élaborées ne sont que de vaines paroles, de peu d’efficacité ou de faible  utilité.

La capacité d’atteindre des décisions, une énergie pour les mettre œuvre, une aptitude à développer la loyauté et l’engagement de ses troupes sont autant qui contribuèrent au succès du Général Giap.

Il a conçu une organisation qui permettait une canalisation efficace des ressources, des capacités et des réponses rapides aux changements de l’environnement concurrentiel.

 David A.Johnson

HEC Paris (E. 81)

Ancien Directeur à l'ESC Clermont

Professeur des Universités

david.johnson@mailhec.com

 

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